Ligue pour la protection de la nature
et des oiseaux
Le Ministère de l'Environnement
critiqué
Les organisations "vertes" mécontentes
de l'actuel gouvernement
© 2000 Luxemburger WortAlRo.
- Un mois et demi après une première salve du Mouvement écologique
(voir La Voix du 20 juin), c'est au tour d'une autre organisation "verte"
- ou, à tout le moins, verdoyante -, la Ligue luxembourgeoise pour
la protection de la nature et des oiseaux (LNVL), de tirer à boulets
rouges sur le gouvernement. Principales personnalités dans le collimateur
des écologistes: le secrétaire d'Etat à l'Environnement,
Eugène Berger, et le ministre de tutelle, Charles Goerens.
D'après la LNVL, qui regroupe
la bagatelle de quinze mille membres, la politique actuelle en matière
de protection de la nature est, ni plus ni moins, dans une "impasse"; quant
aux autorités compétentes - ou supposées telles -,
elles feraient montre de bien peu de feeling dès qu'il s'agit, notamment,
de concilier intérêts économiques (ou autres.) et intérêts
écologiques. Première conséquence tangible de ces
divergences de vues entre la LNVL, d'une part, et l'"administration", de
l'autre: la ligue a décidé de suspendre, jusqu'à nouvel
ordre, sa collaboration avec le Conseil supérieur de la protection
de la nature (CSPN), lequel ne remplirait plus, en l'état actuel
des choses, qu'une fonction d'"alibi".
Remblais illégaux
Bien qu'échaudée par
ce qu'elle n'hésite pas à qualifier d'"affaire" Gréngewald,
la LNVL espérait que les défenseurs de la nature ne seraient
plus confrontés à d'autres désillusions de la même
veine: se serait-elle réjouie trop vite? Apparemment oui, si l'on
en croît le président de cette ligue, Pit Mischo, qui s'est
exprimé hier devant la presse: "Vu les exemples négatifs
qui se sont multipliés ces dernières semaines dans le domaine
de la protection de la nature, on peut même se demander dans quelle
mesure les responsables du ministère de l'Environnement représentent
- et défendent - encore les intérêts de la protection
de la nature."
Les griefs de la LNVL à l'encontre
de ce ministère et des administrations qui gravitent autour de lui
sont similaires à ceux du Mouvement écologique: ils portent
notamment sur des remblais jugés "illégaux", près
de Weiler-la-Tour, à proximité de la seule zone ornithologique
du Luxembourg officiellement reconnue par l'organisation "Birdlife international".
"Le fait d'avoir, a posteriori,
autorisé ces illégalités, au lieu de porter plainte
contre les fautifs, laisse à penser que d'aucuns interprètent
la législation avec une certaine liberté", a accusé
M. Mischo, fustigeant par ailleurs "le manque de clairvoyance" du ministre,
lequel aurait dû, selon lui, "au contraire faire en sorte de mettre
une zone aussi précieuse à l'abri de tout élément
perturbateur".ÿ
Dans le même ordre d'idées,
la LNVL a par ailleurs stigmatisé "le manque de feeling du secrétaire
d'Etat". Toujours à l'instar du Mouvement écologique, l'organisation
de défense de la nature et des oiseaux reproche ouvertement à
M. Berger d'avoir autorisé l'aménagement, dans le cadre d'un
projet de remembrement dans la commune de Flaxweiler, de plusieurs chemins
de campagne situés en un endroit qu'il aurait normalement dû
faire classer comme zone naturelle protégée: "Faisant fi
des compromis que les experts avaient trouvés pour ce remembrement,
le nouveau gouvernement a délivré des autorisations supplémentaires
allant à l'encontre de la protection de la nature", a souligné
M.Mischo. Résultat: les travaux afférents auraient entraîné
la disparition quasi totale de la gentianella germanica, une plante extrêmement
rare dans notre pays:.
La route du Nord: un serpent de
mer
Comme les autres organisations de
défense de la nature, la LNVL suit de très près le
dossier "route du Nord" et en arrive à la même conclusion
que nombre d'entre elles: tel un serpent de mer, ce dossier n'est pas avare
de (mauvaises) suprises. "Au lieu de présenter enfin un concept
global de circulation, l'on ne cesse de bricoler des ébauches de
solution. Comment une planification cohérente de l'aménagement
du territoire peut-elle être envisagée si chaque gouvernement
élabore de nouvelles variantes? Ou en est-on, dans ces discussions,
avec des mesures en faveur de la protection de la nature et des paysages?",
a demandé M. Mischo.
Protection à dose Homéopathique...
De manière générale,
la LNVL est d'avis qu'un an après l'entrée en fonction de
la nouvelle équipe gouvernementale, "des objectifs clairs et précis"
en matière de protection de la nature font toujours défaut,
et que "la protection de la nature continue d'être faite à
dose homéopathique".
Dans l'immédiat, la ligue
- qui n'a pas manqué de préciser que les griefs évoqués
lors de sa conférence de presse d'hier étaient loin d'être
les seuls - s'attend à une prise de position de M. Goerens. Affaire
à suivre, donc.
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